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Ce qui arrive lorsqu’un groupe d’enfants et un ensemble d’instruments sont mis en présence, sous l’œil d’adultes attentifs et silencieux, et cela sans consignes ni commentaires ni évaluations, est ici nommé "Tohu-Bohu".
Et c’est leur expérience du Tohu-Bohu (directe ou par l’intermédiaire des images filmées) que discutent Thierry De Smedt, Marc Hérouet , Isabelle Stengers, Daniel Stern et Hervé Thys.
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Si l’expérience "Tohu-Bohu" suscite un intérêt assez unanime, la proposition que traduit le "Jeu des Parties du Tout" - demander aux jeunes participants de l’atelier d’"écrire" sur une sorte de "proto-partition" ce qu’ils joueront ensuite aidés d’un chevalet-métronome marquant le défilement du temps - provoque des réactions beaucoup plus perplexes, voire négatives.
Et corrélativement, c’est aussi la question de la signification conférée par chacun au "Tohu-bohu" qui rebondit. Participent à la discussion : Thierry De Smedt, Marc Hérouet, Hermann Sabbe, Isabelle Stengers, Daniel Stern, Hervé Thys.
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Comment penser le type de dispositif proposé par Hervé Thys ? Il s’agit - et cela ouvertement, puisque des adultes sont présents - d’une proposition construite par des adultes, à l’intention d’enfants ou de jeunes adolescents. Ce qui signifie qu’il s’inscrit dans le registre de ce que l’on appelle "culture", au sens où ce terme désigne, notamment, l’ensemble des manières de se rapporter à soi, aux autres, aux choses qui distinguent un groupe et ceux qui lui appartiennent.
L’absence de valorisation et de renforcement, mais aussi l’impossibilité produite activement de jugement, la présence muette et attentive des adultes, la mise à disposition de "vrais" instruments, l’espace clos, tout cela constitue donc clairement une "proposition culturelle".
Mais il est tout aussi clair que cette proposition implique également une "prise de position" à propos de "notre" culture. Thierry De Smedt, Marc Herouet, Isabelle Stengers, Daniel Stern et Hervé Thys discutent de cette proposition, de sa force, de ses implications.
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Si l’on accepte que le dispositif proposé par Hervé Thys "fonctionne" (en particulier celui appelé "Tohu-Bohu" qui inclut, rappelons-le, des moments de "solo"), au sens où ses règles ont été rodées et semblent "tenir" dans des circonstances variées, quelles conséquences en tirer ?
La discussion, qui réunit Thierry De Smedt, Marc Herouet, Hermann Sabbe, Daniel Stern, Isabelle Stengers et Hervé Thys concerne la "transmission" en plusieurs sens, mais chaque fois il s’agit non d’une reproduction à l’identique mais de la manière dont le dispositif, détaché de ceux qui l’ont proposé, pourrait faire une différence "ailleurs" (dans nos idées, à l’école, etc.)
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De nos jours, il est courant qu’une proposition pratique se prévale d’une légitimité scientifique, qu’elle désigne la science qui l’autorise et le type de démarche scientifique qui permettra d’évaluer son efficacité.
Qu’en est-il pour la proposition d’Hervé Thys ? Avec quel type de discours scientifique pourrait-elle entrer en communication ? Thierry De Smedt, Hermann Sabbe, Isabelle Stengers, Daniel Stern et Hervé Thys en discutent.
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Les questions débattues autour du thème de la "culture" et de la transmission impliquent que, d’une manière ou d’une autre, est posée la question de notre passé, et notamment du poids d’un certain rapport au passé, celui que scandent des œuvres qui semblent mettre au défi le présent d’avoir à les surpasser… quitte alors à ce d’aucun annonce que l’avenir ainsi thématisé est bouché.
En musique notamment, on entend dire que nul ne pourra plus innover car "tout a déjà été fait". Et si ce qui atteint actuellement son terme en effet, était le grand thème de l’œuvre, où un auteur doit trouver les moyens de se dire tout entier, et, dans le même mouvement, de créer un monde ? Et cela tout en renouvelant la définition même de la musique.
Thierry De Smedt, Hermann Sabbe, Daniel Stern et Hervé Thys s’interrogent à propos de ce qui nous est arrivé depuis que, au 19ème siècle, créateur et génie se sont mis à rimer.
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Il est assez clair que la proposition Thys communique avec une prise de position qui a des conséquences lorsqu’il s’agit de culture, de transmission, du rapport à l’œuvre et au génie, et que cette proposition développe également une lecture de notre histoire et des valeurs qui lui sont associées.
En fin de compte, et son intérêt pour Daniel Stern en témoigne, Hervé Thys, en tant que produit de cette histoire et de ses ruptures successives avec les valeurs qui la normaient, parie sur une "éthique" désignant l’espèce.
Thierry De Smedt, Isabelle Stengers, Daniel Stern et Hervé Thys discutent de la distinction entre une telle éthique et les valeurs sociales et culturelles qui, usuellement, fondent la morale.