Méthode Thys

DS03

I.S. Pour Hervé Thys, un lien qui pour lui est très important entre ce que tu montre des enfants et ce que lui pense et espère, alors même qu’il n’aime pas le mot - improvisation au sens où il a été pris dans l’histoire de la musique dans tellement de sens qu’il est devenu très encombrant - il considère que tu as montré le couple ou la triade parents-enfant comme des maîtres de l’improvisation, c’est l’improvisation au sens où personne ne l’a apprise qui fait surgir un petit humain là où il n’y avait qu’un petit d’humain... et donc pour lui il y a une espèce d’intérêt dans ce qu’il propose de continuer à créer l’improvisation comme culture, c’est à dire comme prise au sérieux, au sens où la mère sait que c’est important, c’est plus fort qu’elle, elle le sait, sinon cela se passe très mal et là ce retour à "c’est important" et pas économie clandestine, secondaire, occulté par des jugements, des normes ou des significations… Question 78 montage d’improvisation au sens où cela ne suit aucun modèle mais que par la suite quand l’enfant s’en va dans le vaste monde, cela continue mais ce n’est pas mis en culture alors que c’est inscrit biologiquement dans l’espèce humaine...

L’improvisation mère-enfant c’est comme si chaque partenaire a un répertoire des choses qu’il peut faire les sons, les gestes, les expressions qui sont en fait relativement limités, et puis on ajoute à cela le fait qu’ils sont deux, ils les mélangent donc et puis il y a le côté ludique, créateur et quand on met tout cela ensemble on arrive à une improvisation qui permet d’apprendre à utiliser tous ces éléments dans une séquence et dans le timing, qui amène à d’autres états où on cherche, où on va vers des états différents qui sont plus amusants, plus excitants etc. et on fait une modulation avec ces choses pour le faire, et je le vois comme étant la seule manière en fait pour apprendre quoi faire avec le répertoire... ces improvisations.

Parce que ce n’est jamais écrit quoi faire et si c’est écrit cela va perdre tout de suite de l’expressivité parce que l’on n’est pas expert dans l’utilisation. Et aussi l’utilisation de toutes ces choses est très spécifique au contexte et au partenaire avec lequel on se trouve dans cette situation ponctuelle, dans ce sens là on ne peut qu’improviser, il n’y a pas d’autre chose à faire.

La seule exception qui est peut-être un peu plus scolaire, c’est ce que font les mères lorsqu’elles sont un peu fatiguées et qu’elles ne savent pas quoi faire ou elles en ont marre, c’est à ce moment là où elles cherchent comme sur un rayon une solution culturelle bien rodée comme une chanson ou un jeu comme cache-cache qui aident car il ne faut pas improviser à ce moment - ce qui n’est pas complètement vrai, parce qu’il faut quand même improviser les variations de ce jeu mais quand même la forme de ce jeu est déjà créée.

J’ai l’impression que dans la situation que Thys a créé les enfants sont dans une situation qui n’est pas si différente que cela, il y a un instrument, il n’y a pas trente mille choses qu’ils peuvent faire avec eux, deux trois quatre avec chacun, et puis il n’y à rien à faire qu’improviser si il n’y a pas de règles imposées qu’il n’y a pas. Et peut-être que la présence de l’autre est importante pour dire simplement : "faites quelque chose avec cela si vous le voulez", peut-être que le "si vous le voulez"ils ne le croient pas... il y a probablement une pression...

Bon, alors ils sont soit avec le piano, le tambour... ils peuvent faire ce qu’ils veulent, il faut improviser pour trouver des choses qui sont plus "esthétiques"pour (à) eux, ou des choses qui correspondent mieux à leur état interne parce que si ils sont en train de le faire ils sont tout aussi bien en train de le sentir.

Dans ce sens là, je ne vois pas ce qu’ils peuvent faire d’autre qu’improviser dans cette situation, c’est une continuation d’une même ligne qui est très différente de la situation scolaire.