Le 11 mai dernier, Mr. H.Thys, musicien et administrateur-délégué de la Fondation Grumiaux, accompagné de son épouse et d’une de ses collaboratrices, Mme R. Holender, nous faisait une conférence peu banale.
D’emblée en effet, il s’est fait l’interprète de l’enfant pour affirmer que celui-ci n’est pas un adulte "en attente" mais est un être qui a sa propre perception de l’univers qui l’entoure. Il s’agit donc de les respecter comme tel.
Et de mettre cette affirmation en pratique lorsqu’il s’agit de musique ou plutôt de sons – sujet de préoccupation pour l’orateur depuis de nombreuses années.
Une première démarche consiste à mettre l’enfant avec ses parents dans une situation d’écoute en l’occurrence, l’écoute d’un concert donné par un orchestre de chambre.
La séquence vidéo présentée nous montre successivement la prise de possession de la salle par les enfants (et les adultes) qui circulent librement et finissent par "s’installer", les uns en s’isolant, les autres lovés sur les genoux d’un parent.
L’orchestre joue et la caméra nous montre des enfants (jeunes et moins jeunes) littéralement pris par la musique, fermant les yeux, laissant leur corps battre un rythme, ou au contraire, figés dans une position et n’en bougeant plus, fascinés par la musique jusqu’à en être physiquement dérangés si un enfant pleure à proximité.
Des caresses s’échangent entre parents et enfants.
Puis l’instrument-vedette du jour est présenté par le musicien qui en joue. Des questions fusent. Un dialogue s’engage avec la salle.
Le musicien est alors sollicité pour une improvisation, captivant encore davantage le jeune public.
Les concerts on lieu le samedi matin et reprendront en octobre prochain. Nous vous ferons connaître les horaires et lieux en temps utiles.
La seconde approche est moins classique et a surpris l’auditoire.
En effet, H. Thys a expérimenté avec plusieurs centaines d’enfants en âge du primaire, venant de l’enseignement ordinaire mais aussi de l’enseignement spécial, une situation originale : les enfants accompagnés de leur institutrice sont amenés en petits groupes (6 à 9) dans un local, hors de leur école, où sont disposés divers instruments de musique (piano, batterie, guitare, violon, flûte, etc.)
Les enfants sont laissés libres de découvrir comme bon leur semble, tous ces instruments. Ils sont "chez eux" leur dit H. Thys. Timides de prime abord, ils vont peu à peu s’enhardir, toucher furtivement un instrument, provoquer un son… et un fou rire. Peu à peu, oubliant les adultes qui se tiennent un peu plus à l’écart et qui les observent mais sans intervenir, ils s’essayent les uns au piano, les autres à la batterie. Un joyeux tintamarre naît. Les enfants explorent mais aussi s’affirment, engendrent des relations nouvelles entre eux. Une dynamique s’installe.
Une règle va alors s’instaurer par l’intermédiaire d’une double lampe verte/rouge autorisant ou n’autorisant pas la libre production du groupe entier. En effet, la "parole" va être donnée à chacun, permettant ainsi une période d’expression individuelle, les autres élèves observant le silence.
Au cours des séances suivantes, certains enfants se choisiront un ou des partenaires. Une véritable recherche musicale s’observe. Le microphone et l’amplificateur sont introduits permettant aussi une expression vocale.
Cette approche a choqué certains participants qui estimaient que l’enfant doit être formé à la technique de l’instrument avant d’en jouer et qu’il doit respecter l’instrument.
D’autres participants, les plus nombreux, ont marqué leur enthousiasme en s’interrogeant notamment sur les possibilités de découvrir, par ses ateliers, une attirance particulière pour un instrument, voir un don chez leur enfant. Mais le conférencier de préciser aussitôt que rien n’est communiqué à l’extérieur, respectant ainsi le principe énoncé au départ – à savoir le respect de l’enfant comme une personne à part entière.
J.J. Detraux, Psychologue
Directeur du CEFES
Université Libre de Bruxelles
Article paru dans le bulletin n°15 du Centre Scolaire de Blankedelle-Colin (Bruxelles)