Méthode Thys

IS11

Mais par rapport à cela juste une question un peu annexe, à ton avis le peu de réussite de Daniel à interroger le dispositif ?

Je crois que la beauté de ce que fait Stern c’est justement la période de 0 à 2 ans qui est sa période privilégiée, parce que là on a affaire à un mixte descriptible relativement…Au sens où justement on est dans un épisode qui est biologiquement inscrit dans l’espèce humaine - c’est à dire appelé par la biologie, le cerveau humain quelle que ce soit sa constitution a besoin d’un environnement où des adultes s’adressent à vous comme à un être parlant pour devenir un cerveau humain sinon cela devient un cerveau raté, un cerveau qui n’a pas eu ce à quoi appelait son être biologique.

Donc

Stern décrit strictement cet endroit extraordinaire où l’on voit comment la biologie ou le natal - pas le génétique mais le natal, ce avec quoi l’enfant naît, ce avec quoi l’enfant se risque dans un monde qui n’est plus l’enceinte protégée du ventre maternel - la manière dont le natal appelle le monde et où le monde devient… en termes proposés comme intéressants par le natal.

Donc un véritable enchevêtrement, une véritable prise de relais où on ne peut pas opposer le monde et l’inné mais au contraire où l’un crée le sens de l’autre et est créé par l’autre. Et donc il y a des manières de décrire, il y a des manières de décrire parce qu’il y a des stabilités dont on peut dire que ce sont des stabilités spécifiques.

Les différents stades qu’il décrit, les différentes manières de s’adresser… Bon, il faut encore les mettre à l’épreuve d’autres situations mère/nourrisson, d’autres populations, mais ce sera une mise à l’épreuve intéressante parce qu’il y a quelque part une communauté d’enjeux extraordinaire au fait que d’une manière ou d’une autre, vers 2 ans, l’enfant, sur des modes différents, mais peut s’adresser à un adulte, l’entendre, savoir qu’il s’adresse à lui, se vivre comme doué d’initiative, vivre l’autre comme doué d’initiatives.

Il y a quelques enjeux qui font l’humain.. qui n’ont pas beaucoup d’intérêt. Enfin qui sont extraordinairement intéressants comme réalisations mais qui ne doivent pas négliger le comment c’est à dire la manière culturelle dont c’est produit.

Mais justement on voit aussi l’implication où il n’y aura pas de solution au problème de "comment devenir humain ?" sans qu’il y ait aussi décision sur le comment du comment. C’est à dire "qu’est-ce que c’est avoir une intention"… cela sera la culture.

Il y a quelque chose de…on aura résolu le problème d’avoir une intention mais dès qu’on se met à décrire qu’est-ce que c’est avoir une intention on est dans la culture.

Donc, il y a un terrain là où on peut apprendre à différencier de manière intéressante ce à quoi nous porte notre culture pour ce haut fait qui intervient vers l’âge de deux ans et le trait commun qui manifeste qu’il y a eu de toute façon la réussite spécifiquement humaine telle que dans toutes les culture on pourrait faire la différence entre réussi ou raté.

Je crois pas qu’il y ait de cultures…il y a des cultures qui traitent les autistes de manière plus intelligente que d’autres, il y en a où on les tue, enfin il y a toutes sortes de choses mais là il y a un problème, là il y a eu un ratage par rapport à quelque chose qui est l’offre de l’espèce humaine, comment on fait avec cet écart à l’offre ?

Cela, je crois que cela peut être transculturel hypothétiquement.

Donc,

il y a de la descriptibilité mais c’est justement une descriptibilité en risque, tandis que dans le Tohu-bohu pleinement déployé c’est de l’inédit par rapport à l’espèce humaine.

Donc les repères qui permettent de décrire sont absents et donc, cette situation optimale qui est celle de 0 à 2 ans, on ne peut pas la reproduire plus tard. Par contre cela nous apprend mieux sur le fait que le type de description qu’on peut espérer de 0 à 2 ans c’est parce que c’est de 0 à 2 ans et que c’est donc pas un modèle pour comprendre ce qui se passera plus tard.

Donc c’est un contrepoison contre l’idée "cela y est Stern nous a enfin dit comment faire, on va le faire partout" non, pas partout, c’est complètement dépendant de 0 à 2 ans, de cette intrication où le biologique ouvre au culturel, à l’affectif culturalisé et dicible, où la descriptibilité se produit mais c’est chaque fois une description culturelle.

Et cela c’est aussi la réponse à la Question 80

"accordage".

Effectivement l’accordage est beaucoup plus... enfin il fallait le faire, il fallait avoir…

Stern aussi il fonctionne avec des caméras etc. et avec des ralentis. Donc c’est grâce à nos techniques contemporaines qu’on a réussi à repérer cet accordage qui souvent va beaucoup trop vite et dont la mère n’est heureusement pas consciente.

Elle le fait, elle improvise, elle ne s’auto évalue pas dans ce qu’elle peut faire - enfin le plus souvent. Parfois elle le sait en plus mais c’est un savoir qui vient en plus mais souvent aussi une évaluation "chouette, je m’amuse bien, on s’amuse bien etc.", le parent en tout cas, mais néanmoins les situations sont plus typées étant donné aussi le peu de moyens de l’enfant de faire des différences.

Je veux dire ses yeux, ses expressions, le tonus de son corps mais il court pas dans toutes les directions de la pièce et il n’est pas sans cesse en train de changer de mère donc on peut cadrer la chose tandis que dans le Tohu-bohu évidemment tout ne cesse de changer : "Qui est le protagoniste ? Quel rôle jouent les yeux ? etc."

Tout ne cesse de varier et donc, probablement qu’il y a accordage mais cet accordage n’est pas repérable de la même manière. C’est un accordage délocalisé et où on ne sait jamais quels sont les termes de l’accord puisque même si deux personnes sont en train d’échanger quelque chose la présence sonore, gestuelle, mouvante de tous les autres fait partie de l’accord qu’ils sont en train de créer.

Donc il y a un accordage mais probablement complètement délocalisé où le rapport entre local (2 termes) et global est complètement différent et donc ne peut pas s’observer de la même manière parce que peut-être que tous les deux ont une synchronicité mais à propos de quelque chose de tiers qui n’est pas dans le champ de vision et qui pourtant ils ne feraient pas ce qu’ils font si il n’y avait pas ces bruits tiers et donc, on passe de la descriptibilité relative à pfuittt… à l’événement.