Méthode Thys

Lucie

Lucie, 11 ans, pensionnaire de l’enseignement spécial – Bruxelles.

On ne peut établir de contacts sociaux avec Lucie. Si l’on souhaite un échange avec elle, on ne se heurte à aucun refus, mais on ne peut savoir si elle a conscience de votre présence et de votre tentative.
Dans le préau, un éducateur l’incite à jouer avec lui au ballon. A quelques mètres de distance, il fait rouler la balle dans sa direction et lui dit : "attrape le ballon – n’aie pas peur, attrape le ballon". Assise par terre sans le moindre mouvement, elle voit arriver la balle, elle se doute qu’elle sera heurtée au visage et cligne des paupières anticipant le léger choc.
Un handicap oblige Lucie à utiliser une voiturette, pourtant pendant les ateliers elle est le plus souvent par terre et se déplace sans trop de difficultés.
Lucie ne touche à aucun instrument, elle ne parle à personne, elle vit entièrement dans son monde. Pendant l’activité des autres, elle joue avec des crayons ou fait des dessins au tableau noir.

Les séances de musique se répètent tous les 15 jours et pendant plusieurs années Lucie y participe sans aucune modification de son comportement.
 
Cependant, à un des ateliers, un micro contact est venu s’ajouter aux autres instruments, Lucie le remarque et l’expérimente avec beaucoup d’attention et d’intérêt ; elle l’utilise sur ses vêtements et sa chaise, toujours elle-même silencieuse. Elle n’abandonnera le micro qu’à la fin de la séance. Reconduite par un adulte, elle dira distinctement en regardant par une fenêtre du couloir : "il pleut".
L’adulte stupéfait lui demandera : "que dis-tu ?" et elle répondra tranquillement : "il pleut".

A la séance suivante, c’est le micro (sur pied) qu’elle utilisera dès son arrivée pour chanter et faire chanter d’autres enfants avec elle.

En conclusion :
Il est bien certain que le micro contact s’ajoutant aux autres instruments à éveillé la curiosité de Lucie et a provoqué un changement de comportement.