Les ateliers musicaux utilisant la méthode THYS développent la socialisation et l’autonomie des enfants en âge d’enseignement fondamental au moyen d’activités recourant principalement à la communication sonore non verbale.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un enseignement, mais plutôt d’une mise en situation de communiquer par les sons instrumentaux et vocaux, sans recourir à des techniques préalablement enseignées. La méthode THYS organise des phases successives de jeu, régies par règles à degrés de liberté variables, au milieu d’un instrumentatium très varié, mis à la disposition des enfants. Il sont ainsi invités à mettre en œuvre leurs compétences musicales intuitives et à les confronter aux réactions de leurs camarades dans un contexte où les relations interpersonnelles s’organisent suivant des modalités différentes de celles du cadre scolaire ou familial habituel.
Après avoir observé les enregistrements vidéo des séances d’atelier, il me semble clair que la prévalence de la communication sonore non verbale et la mise en situation de jeu permettent l’émergence de relations moins discontinues, moins normées et apparemment plus ouvertes que dans des contextes régis par la parole et la relation au maître d’école. Les relations qui naissent en faisant de la musique paraissent moins caractéristiques que dans des contextes plus rigides. Ainsi, il apparaît notamment que des enfants présentant des difficultés de relation ou d’expression, élaborent de nouveaux comportements plus riches dans le cadre des séances d’atelier. Ils créent ainsi de nouvelles relations avec leurs condisciples (et peut-être avec eux-mêmes), et semblent même capables de les exporter ensuite hors des séances d’atelier.
En outre, une telle méthode restaure une conception de l’enfant devenue aujourd’hui trop rare. De nombreuses activités pédagogiques tendent actuellement à considérer l’enfant comme une matière première à transformer. La méthode THYS au contraire, sans nier la réalité du développement, envisage chaque enfant comme un être déjà complet.
Enfin, en tant qu’activité musicale, les ateliers THYS instaurent incontestablement un rapport renouvelé à la musique, conçue non plus comme un lieu d’excellence, de production et de consommation d’œuvres figées, mais comme un terrain d’aventure et de liberté parcouru au présent.
Thierry De Smedt
Docteur en Communication
Premier assistant, chargé d’enseignement
Département de Communication
Université Catholique de Louvain
